Le premier pas... [PV D.J]

Douce, la nuit était douce. Le vent guidait chacun de nos pas, et soulevait avec lui des nuages de terre et de sable, qui venait s'accrocher aux longs poils de nôtre échine. C'était un temps à dormir dehors, à l'abri d'un douillet massif de bruyère. Une très fine pluie estivale tombait dans un petit bruit de clapotement. Nous marchâmes lourdement, les pattes engourdis par la marche incessante et par nôtre corps qui se faisait de plus en plus lourd au fil des heures passées dehors, à errer comme un chien. La vie devenait de plus en plus difficile. Mais l'été allait nous arranger les choses, pour nous nourrir. Un énorme papillon de nuit aux motifs bleuâtre passa sous nôtre nez. Nous le croquâmes dans un grand bruit de claquement de mâchoire. Tous les loups ne mangent pas les papillon, certes, mais en tant que solitaire affamés, c'est nôtre droit. Nous avançâmes encore, jusqu'au bout d'un gros rocher, pas très confortable, sous nos coussinets, et nous découvrîmes dans un visage inexpressif - comme d'habitude - les Chutes Magistrales. De l'autre côté, à une autre extrémité d'un rocher bordant les chutes, nous purent apercevoir la silhouette d'une louve mal nourrie. Nous la regardâmes, nous n'étions pas plus intrigués que cela, et -comme d'habitude- nous fixâmes la silhouette sans expression. Après un moment, elle nous aperçus aussi. Nous ne bougeâmes pas, comme pour lui montrer que nous ne faisions que partis du paysage...

La silhouette se mit à bouger. Nous, nous ne fîmes pas un pas. Au fur et à mesure, une douce odeur apaisante de jeune louve vint titiller nos narines. C'était la période des chaleurs, mais, combien de fois déjà nous avons été forcés de résister à la plus belle des louves. Nous étions immunisés contre le charme des louves les plus séduisantes, et il fallait l'avouer, celle-ci ne l'était pas tant que ça. Son poil était aussi rêche que le nôtre, sa couleur aussi, n'était pas bien différentes, un peu plus teinté de vie, et encore. Son visage exprimait la douleur passée, tandis que le nôtre, ne changeait jamais. Nous restâmes, immobiles, attendant une parole ou un signe, le visage endurcit, indifférent à la présence d'une femelle à l'odorat si tentant, que la plupart des loups n'auraient pas pu résister. Malgré nôtre expression très réussie, il était vrai que le désir pouvait l'emporter sur la volonté. Cependant, elle se rapprochait encore, le pieds sûr et méfiant à la fois, comme si elle redoutait une attaque..

Elle avança, d'un pas assez méfiant. Ses griffes sonnaient faux sous la pierre dure et humide, son visage, doux comme un ange, nous regardâmes en continue l'air intrigué. Nous la fixâmes, l'expression de plus en plus dure, comme pour lui dire de ne plus faire un pas, et de s'éloigner au plus vite. Nous n'en crûmes pas nos yeux, malgré l'air indifférent à sa présence, la jeune louve à la taille bien en dessous de la nôtre avança de plus en plus. Nous plongeâmes nos prunelles dans les siennes un instant, puis, de sa douce voix, elle prononça un mot simple, bien ridicule:

« Bonjour !... »

Nos yeux bicolore cessâmes de la regarder dès cet phrase courte et sans grand intérêt, et passa de la couleur roussâtre de la louve étrangère au paysage que nous avions finis par oublier, tout en s'asseyant sur la roche grise. Les chutes d'eau tombaient dans un fracas toujours aussi violent, à la rive opposée, les arbres fleuris étaient emplis de gazouillements d'oiseaux. Nôtre astre à tous, le dieu soleil se levait doucement, teintant le ciel d'une douce lueur rouge. La brise caressait encore dans nos fourrures, rendant le temps agréable. Après ce moment de détente, qui pouvait sembler un peu long pour l'intruse qui attendait une réponse, nous fermâmes les yeux, inspirait l'air frais du matin, savourant chacune des odeurs de l'été, puis, après un grand soupire, nous ouvrâmes la bouche pour tenter de répondre, les mots passaient avec beaucoup de difficulté à travers nôtre gorge sèche par la soif et comme seul encouragement le souvenir des phrases dîtes dans le passé. Nous répondîmes, de nôtre voix enrouée et froide, par une question tout aussi dure que nôtre regard perdus dans le paysage droit devant;


« ... Qu'est-ce que tu veux ?... »

En voyant la louve s'éloigner, nous crûmes enfin que nous serions tranquille, mais quand, après quelques pas légers, elle revint vers nous, nous poussâmes un soupire à peine audible en levant les yeux aux ciel. Le ciel qui, d'ailleurs, se faisait de plus en plus claire. Quelques nuages très claire avaient fait leur apparitions. Le soleil quand à lui se levait derrière la forêt qui entourait les Chutes Magistrales. Le vent se faisait de moins en moins fort, et plus doux...

« Ce que je veux? Bah rien Pourquoi? »

Ces quelques paroles attira de nouveau nôtre regard sur la jeune inconnue, et sur le coup, l'image d'une louve bien familière bousculèrent nos pensées... Nai...Naily ?!.., nous dîmes, à voix très basse, tout en nous levant brusquement. Terrifié, nous reculâmes, nous fermâmes les yeux puis les rouvrit, mais Naily avait disparue pour laisser de nouveau place à l'intruse. Naily...Nous l'avions oublier, sa douce odeur, sa chaleureuse expression... Puis nous vint en souvenir, le jour où elle nous avait quitté, pour un loup dont le nom ne nous revint pas tout de suite... Les images défilaient... Des larmes coulèrent pour la première fois depuis une éternité, à force de souvenir revenus en si peut de temps, nôtre...ou plutôt... mon esprit ne put tenir, je m'écroula par terre, inconscient...

Naily...Kenji....Mes amis...

Mon père.... Ma mère... Vous m'avez tous laissés tomber...

Pourquoi ?....

Je me réveilla dans une grande inspiration, les narines emplis d'eau, le poil de la figure mouillé d'une eau pure et fraîche. J'était sur le dos, juste à côté de la rivière, pas loin des Chutes Magistrales, leurs bruit était d'ailleurs moins fort. Je fit une inspection rapide. Ma vue était encore floue, et les maux de têtes étaient loins de se faire discrets. Je mis ma patte droite sur mon front, puis la fit glisser jusqu'à mon museau, de façon à enlever l'eau et reprendre mes esprits. Je me leva. Mon corps semblait plus lourd que jamais, pourtant, je découvrit avec stupeur la maigreur de celui-ci... C'est comme si je m'était réveiller, après des mois et des mois de sommeil. Je m'avançait, boitant vers l'eau, mon visage était rester intact, mis à part le poil emmêlé et les yeux fatigués. Avec de grands coups de langues, je bus de grandes gorgées d'eau. Une voix sur le côté attira mon attention, et je découvrit avec surprise une louve aux odeurs attirantes, la gueule remplie rongeurs morts. En quelques pas pas très joyeux, elle s'approcha de moi tout en déposant ses prises. Mon regard passa de celle-ci à la jeune louve qui me regardait l'air soulagé.

Voyant le regard que l'inconnue posait sur moi, je suppose qu'elle avait chassé pour moi. Pourtant, je ne me souvenait pas de l'avoir déjà vue. Je m'assis lourdement et tâtais de la patte la chair des petits animaux, puis saisi le lapin de couleur brune, qui m'avait l'air plus dodu. Je redécouvris le goût irrésistible de la nourriture, la chaire fraîche, que je n'avais plus goûter pendant je ne sais combien de temps. J'avais oublier la présence de la louve, qui m'interrogea;

« Quel est ton nom ?.. »

Je m'interrompit tout de suite, relevant la tête, en regardant la jeune louve à l'air loufoque. Je chercha dans ma mémoire le nom qu'on me donnait, autrefois, mon père, ma mère, mes amis... Pourtant il ne me revenait pas, et le fait de réfléchir me faisait tourner la tête. Ne savant quoi répondre, je bredouilla:

« Je... »

Confus, je ne sut quoi dire de plus, j'avais beau chercher, mon nom ne me revenait pas. C'était pourtant quelque chose que l'on n'oublie pas. Au bord de l'évanouissement, une fois de plus, j'hésita, puis une voix intérieur me chuchota dans un écho profond..

Koîchi !...

Embarrassé, non sûr de ma réponse, j'inspira un bon coup et répondit en un souffle:

« Je m'appelle Koîchi. »