ATHEÏA - Solitaire ▬ unhappy ending

♣ Nom : Atheïa
♣ Âge : Quelques années indéfinies
♣ Sexe : Féminin
♣ Clan : Aucun (ancienne du clan de l’air)
♣ Rang : Aucun. (ancienne messagère)
♣ Race : Indéfinie (renarde à la base)
♣ Taille : Une cinquantaine de centimètres
♣ Poids : Une centaine de grammes

♣ Relations : Aucune
♣ Aime : Actuellement trop déprimée pour aimer quoi que ce soit
♣ N'aime pas : De même. Son esprit n’est plus qu’une pierre
♣ Phobies : Etre vue sous sa nouvelle apparence
♣ Objectif : Dénuée de toute volonté

♣ Physique Atheïa est anormale. Comment passer à côté de ce qu’elle est ? Autour d’elle, des canidés, des félidés, des ovidés, des volatiles… Et elle, qu’est-elle ? Crée à cause d’une dégénérescence invoquée lors d’un combat, l’ancienne renarde s’est vue dotée d’oreilles plus longues que la norme – démesurées, risibles ! – et de deux queues, parodie d’hydre canine. Teintée de riches couleurs brunes et d’une crinière chocolatée, Atheïa à la particularité d’avoir, comme certains chevaux, les paturons très fournis ; il s’agit d’une véritable masse de poils qui s’amalgamment des tentons de ses genoux à ceux de ses pattes.

Pouvoir. Ce mot la fait frissonner de peur et de haine. Car si pour « eux » le mot pouvoir se conjugue au présent, pour Atheïa il n’est plus que passé. Remontons quelques mois en arrière ; apprentie messagère du clan de l’air, elle avait la faculté de voler, créant lorsqu’elle quittait le sol, de superbes ailes rousses et brunes. Tel un colibri, elle s’élevait, libre, délivrée de toute pesanteur, arrachée à la terre insipide, jouant avec les alizés et concurrençant le mistral. Avant, elle délivrait les informations plus rapidement que tout autre, et était appréciée pour cela. Certes, un canidé volant dans un clan qui se dit « de l’air » c’est si peu original ! Mais frère et agile, la demoiselle, alors surnommée « la plume » se laissait tant et si bien porter par les vents qu’elle arrivait bien plus rapidement au point d’arrivée que les autres.
Avant, Atheïa volait.
Avant.
Désormais, brisée par « l’Incident » son pouvoir à disparu : plus de courses dans le ciel et de cabrioles aériennes. Terminées, les siestes dans les nuages ! Adieu, ailes et plumes de coton, renommée et bien-être ! Si les exilés des clans ont pu garder leur pouvoir, celui d’Atheïa est mort en elle, à l’instar de sa condition de renarde. En la voyant, on pense plus à un lapin ou à une chimère qu’un commun goupil.
Son être n’est plus qu’une terre stérile, là où sont creusées les catacombes de son passé ensoleillé et insouciant.

Comme il l’est écrit précédemment, Atheïa est désormais une boule de fourrure dépressive, terrorisée et dont l’estime de soi à vécu une chute vertigineuse. Qui pourrait lui en vouloir ? Passer du jour au lendemain de renarde appréciée en hybride inqualifiable ! Comment est-ce possible, êtes-vous certainement en train de penser. L’histoire vous sera contée. Cependant, il est important de prendre en compte les conséquences psychologiques ô combien désastreuses qui s’abattirent sur la petite Atheïa. Encore toute jeune, elle était comme tous, insouciante et joueuse. Désormais, elle n’est plus que l’ombre d’elle-même. Peureuse, terrée dans des trous comme un vulgaire lapin (« puisque j’en suis un, autant agir comme eux ! ») elle ne sort plus et craint la lumière du soleil ; non pas parce qu’elle lui brûle les yeux, mais pour la simple raison que ses anciens congénères sortent le jour. Désormais adaptée au mode du vie intégralement nocturne, Atheïa ne sort que pour se nourrir ; et là encore, quelle misère ! Etant frêle et ridiculement petite, elle ne peut plus chasser que des souris, et n’en à même plus la volonté. Voilà quelques mois qu’elle ne se nourrit plus que des restes de ceux qui l’ont précédée.
Atheïa est amère. Morte intérieurement. Le brasier dans ses yeux est éteint.
Pourra-t-on le rallumer un jour ?

▬ On trouve le bonheur en étant soi-même.

Atheïa. C’est ainsi qu’on l’appela, le jour de sa naissance. Sœur d’Astena et d’Acrimante, elle n’était ni aînée, ni cadette. Elle n’était pas la plus belle, pas la plus fragile, pas la plus intelligente. Atheïa se confondait dans une banalité affligeante qu’elle ne dédaignait pas. Etre normale, en quoi était-ce un crime ? Brune et sans accessoires, elle ne se détachait pas du lot ; cette invisibilité, cet anonymat lui plaisait tout à fait. Elle grandit donc, petite perle rousse née d’un couple aimant, la mère était guérisseur et le père, chasseur. C’était alors le symbole du petit couple épanoui mais qui se battait pour maintenir cette austérité. Ils n’avaient aucun grade, personne ne leur faisait de cadeau mais personne ne cherchait non plus à leur faire du tord. Classe moyenne, ouvrière s’ils avaient été humains. Questions sans fondements et jeux infinis furent le quotidien des trois rejetons, vifs et actifs, remuant du matin au soir.

▬ Tu seras guérisseuse, ma fille.

Agée de huit mois, Atheïa se prit soudainement de passion pour ce que faisait sa mère. Alors que son frère aîné suivait les traces de leur père, et épatait par sa force et sa témérité, Atheïa se mit du jour au lendemain à suivre sa mère. Cette dernière opérait de façon tout à fait incongrue, presque innovante pour son époque. Elle n’utilisait pas de plantes pour guérir ceux qui venaient quérir ses services, mais des pierres, aux vertus mystérieuses que la jolie renarde connaissait par cœur. Oh, bien sur, lorsque la plaie était saignante, il fallait bien des lianes et des fougères pour éponger, et de la gelée royale n’était pas de trop pour les femelles gestantes. Cependant, les pouvoirs des minéraux calcifiés en pierres étaient sans égaux. L’améthyste calmait les agités et purifiait les vaisseaux sanguins. La Citrine faisait merveille auprès des déprimés et des lêpreux. L(unakite rendait les vieux membres du clan plus dynamiques et augmentait leur contrôle sur leur pouvoir. Sans doute aurait-on du élire cette ingénieuse renarde au rang de maître des guérisseurs, par son talent et sa clairvoyance ; cependant, la plupart la prenaient pour un charlatan, et tous se ruaient sur les baies de genièvre qu’on distribuait à la pelle. Et que faisait-on, l’hiver, lorsque les baies mourraient ? Eh bien, on mourrait avec elle.

▬ Je tracerai ma route.

Contrairement aux espoirs de sa mère, Atheïa ne se lança pas dans la conquête des métaux et l’apprentissage de leur savoir ancestral ; jeune et impulsive, la brunette trouvait stupide le fait qu’on dédaigne les talents de sa génitrice, et se refusait de vivre en paria, méprisée et raillée. Aussi se lança-t-elle dans la découverte de sa future fonction. Comme tous les jeunes, elle se voulait alpha ; maître incontesté et mieux, incontestable. Puis ce fut guerrière qu’elle voulut être, opiniâtre et vindicative qu’elle était envers son frère si solide… Qui la renversait au tapis d’un revers de patte amusé. Chasseuse ? Elle pistait à la perfection mais ne trouvait aucune joie à achever les proies. Espionne ? Elle était trop bavarde et perdait le fil de ses paroles, oubliant donc ses objectifs. Nourrice ? Elle débordait d’énergie mais les garnements en avaient bien plus qu’elle. Pourtant, Atheïa n’eut pas le temps d’éplucher le registre de tous les postes possibles, imaginables et à inventer qui s’offraient à elle : son pouvoir se révéla pendant une journée venteuse, et elle avait quitté le sol… En gardant un parfait contrôle sur son être. Son chemin se révélait à elle : chasseuse de nuage, voleuse de soleil, chercheuse d’étoiles, dompteuse de vents. Elle serait messagère.

▬ Je ne vis pas le début, mais je sentis la fin.

Jeune apprentie, Atheïa s’épanouissait dans sa nouvelle activité ; on lui confiait des messages qu’elle transportait en volant, prenant son travail très à cœur et pouvant également en profiter pour laisser s’exprimer ses émotions et ses envies puériles. Personne ne lui en voulait : après tout, elle volait ! Ce fut par ailleurs, l’une des rares à avoir eu la chance de survoler toutes les terres et de discerner les clans qui y vivaient. Elle ne s’y posa pourtant jamais, trop craintive et respectueuse des lois que lui avait inculqué son père. Pour elle, le monde n’était que logique : si l’on faisait le mal, on récoltait le mal. Elle faisait le bien, et récolta… Le mal.
Un jour qu’elle survolait des terres qui n’appartenaient pas au clan de l’air, elle sentit l’air se dissoudre sous ses ailes, comme si soudainement on l’aspirait vers le bas. Encore jeune et inexpérimentée, elle avait paniqué, et s’était débattu… Sans succès.
Elle tombait.
Ce fut un mâle qui lui fit face. Les yeux lumineux, il sembla lui dire qu’elle était l’élue, et qu’il ferait d’elle « l’Unique » une arme contre personne ne pourrait lutter, pas même Pandore. Paniquée, la renarde avait reculé, mais le pouvoir du mâle avait frappé. Poussant un glapissement de douleur, l’apprentie messagère avait alors tenté de fuir, mais ses pattes, transformées en coton, ne lui obéissaient plus. Sa peau se gondolait, ses poils se hérissaient, ses yeux se dilataient, et un cri inarticulé gonflé dans sa gueule ouverte, inaudible à ceux qui refusaient de voir sa douleur.

▬ Les pierres te guériront, Atheïa.

Elle crut qu’elle allait mourir. Mourir de peur, de douleur, d’angoisse. Elle crut que sa fin était arrivée. Ses ailes recourbées au dessus de sa tête formaient un bouclier que les pouvoirs du mâle transperçaient comme de l’eau. Et puis soudain… Un flash. Un éclat orangé dans son champ de vision brouillé. Une voix. Connue. « Cours ! » Sa mère ?! Elle voulut répondre. Bouger. Agir. Ne le put, tout simplement. Et fut témoin de la disparition de ses si précieuses ailes : le rayon immaculé qui la poignardait lentement se mua en bleu saphir. Et soudainement, ses ailes, ses si précieuses ailes fondirent en une brume macabre.
Son cœur se brisa comme si on l’avait amputé.
Elle put alors voir plus clairement ce qu’il se passait : sa mère était bien là, faisant barrage entre elle et son agresseur ; bardée de cristaux, elle semblait avoir bloqué le pouvoir du mâle. Et avait jeté deux pierres entre les pattes de sa fille. Deux petites pierres orangées qu’elle n’identifiait pas. « Mets-les ! » glapit-elle soudainement. « Elles doivent toucher ton épiderme ! » Impossible de bouger. Impossible de répondre. Le sort lui refusait même de pleurer. Souffre en silence, Atheïa. Et regarde, témoin incapable. « Les pierres te guériront ! Atheïa ! » Elle l’exhortait. Sans succès.

Elle avait oublié le mâle. Son bourreau.
Qui lui, ne les avait pas oublié.
Son pouvoir les frappa. Atheïa s’écroula la première.

Lorsqu’elle se réveilla, elle n’était plus qu’un monstre.
Dégoûté de son travail interrompu et donc gâché, le mâle semblait avoir quitté les lieux. Sa mère était introuvable. Seuls les cristaux indiquaient qu’elle avait été là. Un jour. Pour la sauver. Et qu’elle était peut-être morte. En vain.

Le plus grand regret d’Atheïa fut de ne pas savoir le nom des mystérieuses pierres, qu’elle enfila, comme un gage d’amour et de deuil, traînant sa honte, sa queue et ses oreilles ridicules comme la cape d’une veuve qui a tout perdu.
D’ailleurs, n’avait-elle pas tout perdu, justement ?