Pauvre Chou † PV Atheïa. [Abandonné]

La belle marchait d'un pas assuré malgré le brouillard. Elle ne pouvait pas voir plus loin que le bout de son museau, pourtant, elle arrivait parfaitement à ce repérer dans les débris de l'ancien château. Au loin, elle entendait les cris des créatures vivants en ces lieux. Un hurlement rauque & puissant. Elle ne craignait pas ces monstres, tout au contraire, ils s'éloignaient de son chemin avec prudence. Les griffes de la belle glissait sûr le damier poussiéreux. Elle venait d'entrer dans une petite pièce à ciel ouvert - le plafond s'était sûrement effondré. Pandora tourna la tête & vit un escalier. Il paraissait suffisamment sûr pour qu'elle l'empreinte. Lentement, elle monta les marches, la pierre s'effritant par endroit, mais rien ne lâcha. Elle finit par déboucha sûr une grande pièce sombre. Les vitres des fenêtres étaient presque toutes explosées, laissant ainsi la lumière de la lune éclairer faiblement l'endroit. Le brouillard n'avait pas réussit à s'introduire jusqu'ici, ainsi, on pouvait marcher sans aucune crainte. Pandora s'avança vers un balcon. D'ici, elle avait une vu imprenable. Bien que le brouillard recouvre toute la surface plane du château, elle voyait les tours à demi écroulée ainsi que les ruines. Elle aimait bien la désolation du lieux.

Soudain, elle entendit des petits miaulements. Elle se retourna lentement, perçant l’obscurité de ses yeux clairs. Des rats couraient le long des murs. Un sourire se dessina sûr ses lèvres & avec une grande rapidité dût à sa petite taille, s'élança vers eux. Elle voyait la panique dans leur petits yeux, mais elle n'en avait que faire. Ces créatures chétives ne valaient rien, rien que la mort. Elle réussit à en attraper un qu'elle lacéra de ses griffes, envoyant gicler du sang sûr les murs. Les autres en profitèrent pour s'enfuir. Quels lâches! Elle n'avait pas envie de jouer au chat & à la sourire. Ses yeux devinrent d'un bleu encore plus pâle, tandis qu'une fine couche de glace recouvra le damier où se trouvaient les rats, remontant jusqu'à leur patte, les coinssant alors sûr place. Ils poussaient des cris stridents, se qui énerva la belle. Avec nonchalance, elle leur trancha la gorge, ses iris reprenant peu à peu leur couleur habituelle. Alors qu'elle se détournait pour profiter une nouvelle fois de la vue que lui offrait les hauteurs, elle entendit un autre bruit. Tout différent. Il venait du fond de la salle, caché dans les ténèbres. Elle s'avança jusqu'à là, utilisant son pouvoir pour que ses yeux illuminent les ténèbres, tandis que la température chutait doucement. Une autre créature chétive se trouvait là, une petite boule de poils marron. Pandora leva un sourcil. Elle avait l'habitude de l'étrangeté, vu les guerriers qui comportait son armée, & elle était curieuse de savoir ce qu'était... Cette chose.

Silence.
Comme si la terre avait cessé de tourner. Comme si la fin était enfin arrivée. N’était-ce qu’une impression ? Avait-on bel et bien appuyé sur le bouton pause de cette infâme machinerie ? Aucune chance. Simples fantasmes. Mon esprit ne savait plus créer que d’innombrables chimères, comme si les rouages bien huilés qui l’avaient autrefois constitué s’étaient désintégrés. Ne laissant plus qu’une fine poussière d’os et de rêves brisés. Le simple statut de fantôme m’était refusé ; bien qu’atonique, plus morte que vive, plongée depuis l’incident dans un perpétuel état cacochyme, mon corps se refusait à toute transparence. Mon âme, bien qu’en complète ataraxie, restait enchaînée à ce corps d’épouvante, relié aux tendons de chair qui me maintenaient encore en vie.
En vie !
Etait-ce bien le cas ? En vie ! Atonique, sans désirs ni ambitions, sans haine ni passion, je n’étais plus rien. Un spectre à l’enveloppe semi pellucide. Un rien. Qui ne portait ni nom ni qualificatifs. Une chose. Déchet. Nuisible.
L’insignifiance même.

J’avais fini par gagner le repaire de mes congénères. Eux, rebus de toute société, haïs, honnis, ombres fallacieuses, se contentaient d’exister pour être exterminés. Et pullulaient pourtant, invisibles mais bel et bien présents, parasites contre lesquels aucun antibiotique ne démontrait son efficacité. Coups, pièges, morsures, rien n’y faisait. Leur volonté outrepassait le prix du sang. Et bien plus intelligents, dédaignaient toute revanche pour clamer en silence qu’ils perduraient, plus pérennes encore que n’importe quel clan qui eut frôlé de sa patte le sol de ces terres de décadence.
J’étais rat. Rongeur sans valeurs ni futur.
N’avais-je pas hérité des vulgaires oreilles du lapin ? Chassé, tué, sans qu’aucun ne songe à la famille qui peut-être, attendrait son retour au gîte qu’il avait quitté pour quelques brins de luzerne. J’étais comme eux. De la vermine. Bonne à être dénigrée, chassée, repoussée loin et plus loin encore.
J’étais rat.
Bannie à tout jamais du royaume de ceux, insouciants, qui veillaient et festoyaient sans songer aux âmes torturées, perdues dans les arcanes de leurs pensées sombres.
J’étais rat.
Et peut-être moins que ça.

Prostrée depuis quelques jours dans un coin, la faim chevillée aux talons, j’observais. Simple témoin, tableau ignoré et ignorant du reste du monde. Les rongeurs justement, formaient une inépuisable source d’observation. Les insectes pullulaient également ; je prenais alors conscience du monde qui m’entourait, visible et invisible à la fois. Mouches, blattes, cafards, moustiques et araignées occupaient les lieux en une armée austère et organisée. D’autres individus, tout de kératine vêtus, ne sollicitaient aucun nom en mon être chétif. Qu’étaient-ils ? Avaient-ils un nom ?
Trop atonique pour leur assigner un état d’existence lettrée, ils restèrent anonymes.

Mais voilà que le ballet se tarissait peu à peu. Au fourmillement continu se mêlait le bruit des planches pourries, hurlant leur douleur et pliant sous un poids qu’elles supportaient à peine. Le vent qui avait joué toute la nuit sous les tuiles lézardées s’était même tu, comme respectueux quant à l’arrivée de celle qui allait paraître, réclamant le silence de son unique présence.
Elle. Pandore.
Je la vis paraître sans un frisson. Sans doute était-ce le protocole. De plier l’échine devant elle et de souhaiter une prompte fusion avec les lattes du parquet. Mais mon esprit vide ne disposait plus de sonnerie d’alarme ; seule la poussière demeurait, inefficace et dépréciée.

J’assistai au spectacle. Témoin ignoré et muré dans un mutisme aussi lourd que du plomb. Et fut bien surprise d’être découverte. Bloquée dans la même position depuis quelques jours – ou quelques heures ? je l’ignorais – je n’étais plus qu’un monticule ankylosé, à la fois rien, rat, spectre et poussière. Morte mais vivante.
Mes prunelles vissées dans les siennes. Passant à travers. Fixant le mur derrière elle.
Qu’elle m’achève. Je ne ressentais plus rien.
La peur se refusait à moi.

Persistance du non-être.

La créature, car c'était bien ce qu'elle était, me regardait sans me voir. Elle paraissait ailleurs, comme si elle n'avait plus aucun sentiment, plus aucune peur, aucune haine, aucune expression. Son visage restait figé, neutre. Elle n'était qu'une illusion, un simple corps en deuil. Un simple, que dis-je. Elle avait un physique bien à elle, des caractéristiques bien étrange. C'était une... renarde sûrement ; son museau était plus fin que ceux des loups, ainsi que ses fines pattes. Elle avait des yeux inexpressifs, d'un noir profond, presque caché par son toupet. Deux grandes oreilles couronnaient sa tête, plus longue que celle des lapins, de n'importe qui. L’avantage c'est qu'elle devait avoir une ouïe extraordinaire. Elle était aussi dotée de deux queues fine, comme celles des souries, avec au bout une boule de poils délimite par des bracelets oranges. Une étrange puissance s'en dégageait. Pandora avait beaucoup entendue parlé des pouvoirs des pierres, des diamants & autre. Mais elle n'avait jamais pris vraiment le temps de les étudier. Elle savait par exemple que si on portait des améthystes avec du quartz rose, cela attire l'affection des autres & attise l'amour. Enfin, c'est ce qu'elle avait lus dans l'âme d'un de ces guerriers. Ce qu'elle portait était peut-être des cornalines. Non, ce n'était pas possible, elles avaient l'effet de stimuler ceux qui le porte, mais cette « chose » n'avait pas l'air d'avoir envie de bouger.

« Qu'as-tu donc, mon chou? »

Demanda Pandore de sa voix mielleuse & douce. Peut-être pourrait-elle lui faire rejoindre son armé - vu son état, elle ne protestera pas. Ou alors, elle se métrait dans une colère noire, mais Pandore n'avait pas peur de sa fureur. Au contraire, elle était curieuse de voir comment allait se dérouler leur rencontre, & où cela allait les mener.

Son regard me glaçait, à l’instar de son pouvoir. Peut-être combinait-elle les deux, terrorisant ainsi ses proies. Je l’ignorais. Comment réagirait-elle en découvrant qu’elle n’éveillait rien en moi ? Ni curiosité, ni panique, ni appréhension quant à mon avenir immédiat ? Je la trouvais impressionnante. Juste impressionnante. Elle dégageait une aura malsaine et puissante, qui provoquait la fuite de ceux qui pouvaient encore courir. Elle était entourée de quelque chose, oui. Quelque chose que je n’arrivais pas à saisir dans son intégralité. Mais pas de quoi en déclencher une guerre. Pas de quoi tuer d’innombrables innocents pour nourrir ses lubies sadiques. Des loups cruels, il y en avait partout. Pourquoi l’avoir elle, placée sur un piédestal ? C’était sans doute ce que j’allais découvrir. A mes dépends bien entendu. Mon regard se dirigea vers les cadavres encore brûlants qui jonchaient le sol transformé en patinoire. Leur petit cœur pulsait encore faiblement, répandant une marée d’hémoglobine qui me révulsait… Et m’attirait. La faim était mauvaise compagnie, et l’odeur de cette chair délicieuse et à portée de crocs était un supplice. Je relevai pourtant la tête, déroutée par l’intérêt de la louve à mon sujet.



• Vas-tu me tuer ?



Ton morne, yeux éteins. Ma vie était entre ses griffes et je n’en avais cure. Qu’elle me tue ; mon état de non-être se terminerait enfin. Il lui suffisait de sectionner le fil que formait ma misérable existence, et le sectionne. Elle devait agir ainsi pour tous ; pourquoi ferait-elle exception ? Je ne pouvais même pas lui être utile. J’étais l’inutilité même. L’impotence par excellence. Je perdurais dans le temps au même titre que mes rongeurs compagnons : pour la simple et bonne raison que je pouvais nuire par ma présence.

Pourtant, elle ne réagissait pas. Sans doute plongée dans une réflexion dont elle ne percevait pas le fond. Comment m’achever ? Vivement, d’un coup de crocs ajustés ? Lentement, afin d’ouïr mes pitoyables vocalises d’agonisante ? J’ignorais tout d’elle. On ne m’en avait parlé que sommairement. Et mon savoir se résumait en son nom, la reconnaissance de ses marquages et l’incitation à la fuite si je la croisais un jour. A cela, je venais de rajouter son pouvoir : celui de maîtriser la glace. Peut-être plus. Peut-être était-ce l’un de ses multiples dons. Comment savoir ?



• Je vais décider pour toi.



Timbre d’outre-tombe. Et soudain, miracle ! Je dépliais lentement mes muscles, déchirant les toiles d’araignées qui avaient eu le temps de se former entre moi et le mur. Dérangées et frustrées de leur travail inachevé, les ouvrières à huit pattes s’enfuirent prestement, me laissant, debout et vacillante, devant Pändore. Dont mon toupet frôlait le poitrail, comble du ridicule. Le chihuahua face au dogue allemand. Refusant par ailleurs de désarticuler mon cou pour la regarder dans les yeux, je fixais ses épaules, méditant quant à mon équilibre précaire. Si je faisais un pas, allais-je… ? Non. Je restais debout. Titubante, agitée de tremblements, mais debout.
Alors lentement, je me mis à contourner Pandore.
Foulées après foulées, suivie d’une cape de poussière, marquant mon passage car laissant traîner ces oreilles détestables et cette queue ridicule, je réappris à marcher, non pas pour fuir, mais pour satisfaire un besoin bien moins noble. Contenter cette faim qui me tordait les boyaux. A quoi bon fuir ? J’étais si faible qu’elle me rattraperait en marchant.

Je finis par m’écrouler bel et bien, mais avec la satisfaction d’avoir au moins atteint un but. Vautrée dans la poussière dans laquelle je me fondais, caméléon improvisé, je levai les yeux vers la noire, inexpressive. Entre mes pattes, l’un des rats qu’elle avait tué. Sans raison. Juste pour jouer. Alors qu’au bord du gouffre, je ne parvenais plus à tuer un mulot, elle m’offrait sur un plateau à la fois de la nourriture, et la possibilité de mourir plus dignement qu’en crevant de faim.
Aubaine.

Alors je plantais mes crocs dans la panse de son gibier, l’échine servilement offerte à toute correction de sa part.

Ses yeux glissèrent sûr les rats que Pandora avait tué précédemment. Elle devait avoir faim, un tel spectacle devait lui être insupportable. Bien sûr, Pandora avait connu cette famine, & au bout d'un moment, la douleur devenait supportable, jusqu'à ce qu'un bon repas bien saignant te tombe sous les yeux. Vas-tu me tuer? La belle sourit. Vraiment, cette petite ne méritait pas la mort, du moins, pas des griffes & des crocs de Pandora. Elle mourait de faim si il le fallait, s'écroulerai sous la fatigue, mais elle n’abrégerai pas ses souffrances. Mais, elle pouvait aussi s'amusez avec elle, en faire son... Martyre, son oméga. Elle était beaucoup trop faible pour se défendre & apparemment, vu son odeur & son état, elle devait être solitaire. Ou même un banni. Je vais décider pour toi. La belle leva un sourcil. Elle n'avait pas à décidé pour elle. Elle la tuera, ou la laisserai en vie, un choix qu'elle avait déjà fait.

Pandora regarde sans bouger la petite renarde se leva lentement. Son corps tremblait sous l'effort. Depuis combien de temps était-elle resté croupie dans ce nid à rat? Si longtemps que les araignées avaient eu le loisir de s'en servir pour faire leur toile. Si Pandore était petit, cette renarde était minuscule. Elle lui arrivait aux épaules, qu'elle fixait d'ailleurs. Elle n'avait même pas la force pour la regarder dans les yeux. Ou alors, était-ce là un signe de soumission? Peu lui importait, elle était simplement curieuse de savoir se qu'allait faire la bestiole. Elle la contourna. Pandora la suivit des yeux, déçue. Elle aurait préféré un geste agressif, ou même, une supplication. Rien de cela, elle ne fit que marcher. Marcher d'un pas tremblant, mal assuré. Ses muscles étaient endoloris - elle ne fuyait pas. Elle essayait simplement d'atteindre les rongeurs qu'avait tués Pandora. Voilà qui n'était pas sensationnel.

« Tu as faim, mon chou? Il fallait le dire plutôt. »

Elle ne la regarda pas quand elle s'écroula sûr le sol en commençant à manger, elle la rejoignit juste avec un sourire cruel envers ses rongeurs. Elle s'assit en face d'elle, & la regarda manger. Ses petites crocs déchiquetaient mollement la chair, & le sang coulait sûr ses pattes frêles. Elle avait un bel appétit. Dès qu'elle eut terminé, elle poussa un autre rat dans sa direction.

« Je t'en prie. »

Qu'elle mange donc, cela lui était égal, elle ne pourrait jamais rivaliser avec elle, ni quoique ce soit d'autre.

C'était un de mes plus beaux rp's :c tant pis ^^'