Make the best of every time. / Libre with Athéna /

• Le parfum de cette forêt m’envoûtait littéralement. La brume qui lentement la surplombait la rendait si merveilleuse. Elle me caressait si lentement, si doucement mon pelage blanc immaculé qu'elle me faisait penser à ma mère, de quand j'étais petit. Elle me faisait parfois des caresses où elle me touche à peine, donnant une impression qu'elle ne me touche pas, mais qu'elle est là, devant moi, la patte tendue vers moi, comme si elle voulait que je la prenne, que je la suives partout, où qu'elle aille. J'admirai ma mère pour sa tendresse, son amour, tout ce qu'elle était. Mais je savais que je ne pouvais pas être comme elle. Pourquoi cette brume cotonneuse me faisait repenser à tout cela ? Ce n'était pas nécessaire. Mais pourquoi, pourquoi.... Tant de question auquel on ne peut répondre. Tant de misère qu'on ne peut éviter. La vie est vraiment pourrie.
• J'étais revenu ici dans l'espoir de me retrouver seul, à nouveau. Les rencontres que j'avais faites ces derniers temps ne me plaisaient pas du tout. La solitude. C'est ce que je veux. Tout ce que je veux. Mes parents m'avaient dit qu'une fois que je serai grand ce serait bien d'avoir des amis, une meute, d'autres loup sur qui compter, à qui on peut confier des choses, parce que être seul n'est pas bien. On est vulnérable, sans protection d'autrui. Mais à quoi cela sert-il, bon sang ? J'étais seul et je ne me sentais pas plus vulnérable que cela.
• La brume envahissait mes poumons, les entravait de son humidité. Mais je n'avais pas de mal à respirer. Je marchai sans but précis, sans sentir la moindre chose, que ce soit en moi ou à l'extérieur. J'avançai un peu en aveuglette, comme la brume me cachait ma vue. Je voyais à peine le bout de mes pattes. Puis, -Oh, mon dieu, quelle honte - Je réussi à me prendre les pattes dans une racine d'arbre dure et froide sortant du sol. Je tombai en avant, les yeux écarquillés. Je pensai que c'était fait exprès. Elle avait été placée là spécialement pour moi, pour me faire tomber, pour me faire mal. Mes pattes étaient restées coincées dans la racine, donc je ne pouvais pas me rattraper. D'aucune façon. Le bruit que je fis en attérissant sur le sol me surprit moi-même. Comment un si petit corps si frêle pouvait faire un bruit pareil ? Je me mit à gémir doucement, parce que je me haïssait moi-même. JE haïssait ce monde auquel j'appartenais.

• Je n'avais plus envie de rire. Le loup noir avait lâché le loup qui, dès qu'il ne sentais plus ses griffes, s'est encouru de toutes jambes. Le loup meurtrier me regarda, plein de fureur, et m'attaqua, bien qu'il ne fit que mordre l'air qui me passait dans le corps. L'idée de me moquer de lui me revint, me fit prendre un sourire de coin, et je me couchai sur le dos, dans les airs, comme dans une hamac, tout relaxé, faisant mine de dormir. Cela dura un bon moment, puis il eut l'air de se calmer. Je me retournai, le fixa. Il s'assit, et lança un énorme hurlement, à en donner de grands frissons dans le dos ainsi que dans la nuque. L'hurlement qui venait du fond de sa gorge, de ses poumons, de ses entrailles... Avait l'air de calmer son envie de me tuer sur place. J'étais à la fois impressionné et soulagé. Il se remit à nous ignorer et se coucha près de l'eau, lapant avidement l'eau encore engorgée du sang de la louve.
• Le loup-policier m'avait parlé, mais j'avais eu tellement peur à un moment que j'avais oublié ce qu'il avait dit. J'avais vu qu'il était parti sous l'ombre d'un arbre, plus loin sur la berge, du coup je me dit que peut-être il était parti.
• Je me posai à terre, n'osant néanmoins pas quitter ma forme d'esprit, de peur de me faire assassiner dans la seconde. J'avançai vers le loup bleu et noir, et me mit à côté de lui.

- Ce hurlement. C'est celui que j'ai entendu avant d'assister à la pire scène de ma vie.

• Je me couchai, soupirant, puis posai la tête sur mes pattes, triste et relaxé en même temps.

- La dernière fois que j'ai hurlé ainsi, c'est quand je me suis rendu compte que j'avais tué mes parents.

• Ces paroles me traversèrent l'esprit tel un éclair vivace et douloureux. Ce loup noir, aussi meurtrier soit-il devait avoir la vie dure et, aussi insensible semblait-il, il semblait triste, là, couché sur le sol, rêvassant son passé. On m'a toujours dit de ne pas s'approcher des meurtriers. Qu'ils avaient perdu tout espoir et qu'ils n'avaient plus rien à perdre, ou alors qu'ils prenaient un grand plaisir à sentir ce sang encore chaud couler dans leur bouche ou même leur gorge. Mais quand je regardait ce loup noir et bleu - Darkness, si je me souvenais bien de ce qu'il avait dit - ne m'avait pas l'air de faire parti de ce genre de meurtrier. Mais de quel genre ferait-il parti alors ?
• Je soupirai à nouveau. Je réfléchissait trop. Je me tournai vers lui, retournai à ma forme matérielle, et lui fit un petit sourire aux intentions gentilles. Je le fixai dans les yeux en disant les mots qui me passèrent dans la tête.

- Moi, c'est Asuro. Moi aussi j'ai tué mes parents, en étant mit au monde.

• Baissant un peu la tête, je continuai.

- En fait, je pense que ç'aurait été mieux si je n'aurait jamais existé.

• Pourquoi étais-je si franc avec ce loup ? Je ne sais pas moi-même. Mais son aveu m'avait mit en confiance. Après, je restai tout de même un peu sur mes gardes, prêt à m'envoler à nouveau si jamais ses yeux redeviendraient à nouveau ces yeux que je ne puis supporter. Ceux d'un vrai meurtrier sans raison.