Une défaite de plus (Pv Swift et Andy)

Medrahsk, comme à son habitude, marchait. Toutefois, cette fois, il n’errait pas vraiment sans but. Depuis quelques temps, les autres loups de la mort était un peu plus actif et le traquait en plus grand nombre et avec plus d’énergie. Pandore avait du leur demandé de le punir. Ce n’était pas la première fois, il savait à quoi s’attendre, mais… Cette fois-ci, il avait peur. Il ne voulait pas. Quelque chose en lui souhaitait continuer cette vie, sur laquelle il commençait à avoir le contrôle. C’était probablement pour cela que Pandore le faisait traquer. Car depuis qu’il avait rencontré ce loup, à l’oasis, il savait qu’il y avait un moyen de la déjouer. Il n’était pas certain encore sur ce que c’était, mais il découvrirait.

Il leva le regard pour regarder où il était. Une sorte de grande grotte, avec un petit lac et une fontaine. Il connaissait l’endroit, mais n’était pas certain d’où il se trouvait. Cependant, il n’aimait pas la sensation générale qu’il avait. Comme si… comme si tout était mort à des lieux à la ronde.

Ce qui était le cas! Il comprit trop tard qu’il était tombé dans le piège tendu par Pandore. En fuyant les traqueurs, il s’était enfoncé dans le territoire de cette dernière, et il était maintenant coincé dans une grotte! Il ne pouvait pas sortir par d’où il venait, car des loups de la mort l’y attendrait, et il n’y avait pas d’autre sorties! Maintenant, les loups n’avaient qu’à entrer, et il était à leur merci!

Le jeune loup observa les coins et recoins de la grotte en espérant trouver un moyen de leur échapper, de se cacher. Rien. Pas moyen. Leur piège avait été parfait, et Medrahk s’y était jeté inconsciemment, sans rien comprendre. Il fit face à l’entré et attendit. Il savait qu’il allait souffrir, mais en même temps était soulagé. Si les loups de la mort avaient mis tant d’énergie à le capturer, ils avaient été moins actifs contre les autres clans. Et… et ce loup, était en sécurité. Medrahsk ne savait pas pourquoi, mais savoir que le loup noir aux motifs brillants n’aurait pas de souffrances le réconfortait un peu.

Quand la grotte fut plongée dans le noir, Medrahsk sentit sa respiration s’accélérer. Il y était, ça allait commencer. Pui la lumière revint, et une louve était devant lui. Une louve de la mort. C’était donc elle qui l’avait attrapé. Elle n’avait même pas eu besoin de se déplacer, Med l’avait rejoint de par lui-même! Elle n’avait eu qu’à se cacher.

Eh bien… C’est gentil de me rendre visite…

Lui rendre visite? Il n’était pas ici pour visiter. Et il ne pouvait pas faire confiance aux loups de la mort! C’était des manipulateurs! Ils étaient tous des monstres et des traitres! Même Prolyxe! La petite avait tenté de le charmer, et finalement l’avait laissé filer. Pourtant, Medrahsk avait cru qu’elle pouvait avoir du bon. Non, rien. Il ne pouvait plus se fier à eux. Et puis, présentement, Pandore avait mis presque tous les loups du clan à ses trousses. Pourquoi elle ferait-elle exception?

- Je ne suis pas dupe à ce point. Je sais parfaitement que tu m’attendais et que tu m’as tendu un piège. Alors arrête de perdre ton temps, je ne marche pas. Si tu ne veux pas me faire souffrir, tasses-toi et laisses moi sortir.

Elle ne le ferait pas. Mais peut-être arrêterait-elle de jouer les mignonnes. Ça lui allait bien, il fallait dire, mais ça n’intéressait pas Medrahsk. Qu’y avait-il de charmant à être une dégénérée tueuse? Le loup de l’oasis, lui il avait du charme. Lui, il avait les idées au bon endroit, faîtes de la bonne façon. En tous cas, la carte de la séduction, elle ne servirait à rien si elle la jouait.

Medrahsk était… dégoûté. Il avait envie de vomir, et sa frustration ne faisait qu’augmenter. Non mais pour qui elle se prenait, elle? Ce n’était sûrement pas avec une louve de la mort qu’il passerait ses nuits. Le seul loup avec qui il le voudrait bien, c’était… Ah mais à quoi pensait-il? Il était sur le point de se faire torturer, il frôlerait la mort, et il ne pourrait plus jamais fuir Pandore. Il ne le reverrait jamais, ce loup de l’oasis. Il devait arrêter d’y penser, pour le protéger.

En même temps, il se sentait insulté qu’elle le trouve beau. Bon, c’était une louve de la mort, et ses goûts portaient donc vers ce qui était monstrueux, mais… Quand même. Il aurait voulu que le loup brillant le lui dise, mais pas elle. Et de savoir qu’elle ne l’attendait même pas! Non, elle devait mentir. Elle tentait de le manipuler. Il ne devait pas embarquer dans son jeu. Ou du moins seulement faire semblant.

- C’est dommage, parce que mon corps ne produit plus de chaleur depuis longtemps. En fait, mon cœur ne bat même plus. Je suis déjà mort. Je ne crois pas que ce serait agréable de passer tes nuits, toujours au froid, puisque je ne te réchaufferai pas, en sachant que je suis à côté de toi mais sans entendre battre mon cœur pour te réconforter. Tu savais que je ne suis même pas obligé de respirer? Et tu ferais quoi, si j’arrêtais? Si tu ne pouvais même plus entendre mon souffle, et avoir la certitude que je suis encore présent, et vivant?

Et puis, elle ne le voulait sans doute pas pour vrai. Elle jouait la torture psychologique. Le problème, c’était que c’était impossible de dire quand elle mentait et quand elle disait la vérité. Il devait essayer de tout débrouiller. Mais ce n’était pas facile.

- Oh et j’espère que tu ne voulais pas des enfants de moi, tu serais déçue. Car comme je ne suis pas vivant, je ne peux même pas en avoir. Et puis jamais je ne toucherais à ton corps immonde! C’est dommage, n’est-ce pas, mais les louves ne m’ont jamais intéressé!

Il n’avait aucune idée de si c’était vrai, cette histoire de reproduction, mais s’en fichait. Il ne voulait pas en avoir, des enfants. Et s’il en voulait, il aurait voulu en avoir avec… Mais c’était un mâle, de toute façon, ça ne marchait pas. Pour le reste, il ne s’était effectivement jamais intéressé à une louve. Il avait toujours cru que c’était pour la même raison qu’il n’approchait personne, qu’il n’avait pas d’amis. Mais maintenant, il se demandait s’il n’y avait pas une autre raison.

Medrahsk tomba sur le sol. Il avait bien vu le sourire disparaître, et en avait sourit intérieurement. Il l’avait eu! C’était elle qui menait le jeu, et il avait marqué un point! Mais un, ce n’était pas assez pour se sortir de ce pétrin. Au contraire, il avait corsé le jeu… Ce n’était pas une bonne chose, il s’était enlevé du temps. Un bien pour un mal, comme on dit. Mais là, le bien, il était si minime qu’il ne restait déjà plus que le mal…

Le jeune loup n’essaya pas de se relever. Il savait que ça ne pourrait qu’aggraver son cas. Il n’était toutefois pas d’accord avec la louve. Elle n’était pas une dame. Elle était une monstruosité née de la folie d’une autre monstruosité. Pauvre elle, qui essayait de se croire au dessus de tout. Savait-elle seulement que si Pandore était vaincu, elle ne serait plus rien? Mais elle devait croire Pandore invincible. En même temps… Medrahsk ne l’avait pas vu perdre beaucoup de batailles… Aucune, même.

Medrahsk fit à la louve son sourire le plus charmeur.

- Ne t’inquiètes pas, je sais parler aux dames. Ceux avec qui j’ai le plus de difficulté, c’est les monstres. Tu sais, les loups, ou les louves, qui sont si… insignifiants, que leur accorder de l’attention peut être considéré comme une erreur. Un peu comme toi. Pandore n’en a rien a faire de toi. Pas comme moi. Moi, elle s’inquiète tellement pour moi qu’elle t’envoie me torturer pour être certain que je ne la trahisse pas. Tu voudrais bien savoir comment j’ai fais, non? Mais je ne te le dirai pas. Tu devras me l’arracher. Mais je te préviens, je ne ressens même plus la douleur.

C’était faux. Il la ressentait la douleur, mais beaucoup moins. Pandore l’avait tant torturé qu’il y était habitué maintenant. Il avait quand même peur. Peur de ce que la louve pouvait lui faire. Peur de ce qui pouvait arriver de pire. Et si Pandore lisait ses pensées présentement? Et si elle comprenait qui était ce loup de l’oasis et qu’il l’envoyait chercher pour le torturer lui aussi? Il n’était pas mort lui! Il la ressentait, la douleur! Et il souffrirait à cause de Medrahsk! Le jeune loup ne pourrait jamais se le pardonner.

La seule réaction de Medrahsk lorsque les dents de la louve déchirèrent un peu son épaule fut de fermer à demi les yeux et de les rouvrir. Puis un frisson de dégoût le parcourut lorsque leurs museaux se frôlèrent. Elle n’avait même pas commencé, il le savait. Pour l’instant, elle se contentait d’essayer de jouer sur ses nerfs. Mais lui il s’amusait à lui rendre un peu le jeu. Après avoir été torturé par Pandore elle-même, plusieurs fois, et d’ailleurs chaque fois elle arrivait à la surprendre, il ne pensait pas que la louve lui montrerait quelque chose de nouveau. Il avait tout vécu, et savait à quoi s’attendre.

Le jeune loup ne prêta même pas attention au petit discours de sa tortionnaire. Elle était fidèle à Pandore, ça lui suffisait à la détester encore plus. Et à croire encore plus qu’elle était monstrueuse. La fin, cependant, lui arracha un sourire. Lui donner une leçon, déjà? Elle s’énervait si rapidement? La patience ne semblait pas faire partie de ses vertus, en tous cas…

Puis un courant électrique le traversa et ses muscles se tendirent alors qu’une douleur au ventre le traversait. Elle n’avait pas menti. Elle avait déjà changé de stratégie. En fait, Medrahsk n’aurait pas réagit, si ce n’avait été qu’elle l’avait surpris. Il s’était attendu à autre chose. Toutefois, la blessure restait superficielle. Elle ne le torturait pas encore. Elle s’amusait. Elle prenait un peu de plaisir avant de se mettre aux choses sérieuses.

Medrahsk pouvait peut-être en profiter. Il plaça ses pattes arrière contre le ventre de la louve. Il avait voulu la frapper, la faire reculer assez pour qu’il puisse se remettre debout. Mais il n’en avait pas été capable. Pourquoi? Elle était déjà morte, il ne pouvait pas vraiment la tuer ainsi! Et puis, elle était du côté de Pandore! Alors comment se faisait-il qu’il n’ait pas eu la volonté de lui faire mal? Pour se rattraper, il essaya de la repousser, mettant toute la force dont il était capable dans ses pattes. Mais il n’avait plus de force. Il était déjà épuisé d’avoir échappé aux traqueurs. Ça n’avait dû être qu’un massage pour elle, et rien de plus. Il était totalement à sa merci.

- La vengeance… Tu crois que c’est pour cela que Pandore t’a ramené à la vie? Pour que tu te venge? Lorsqu’elle aura gagné, elle n’aura que faire de toi, et elle t’éliminera. Et si elle perd, tu seras enfermée pour toujours! Mais quel beau moyen de te venger! Mais tu as raison, je retire ce que j’ai dit. Tu n’es même pas crédible en monstre. Si tu savais ce que j’ai pu vivre… Tu es pathétique à côté des plus insignifiantes souffrances que j’ai vécues! Tu n’as aucun talent de ce côté!

Il s’aventurait sur un terrain glissant. La provocation. La dernière fois, il avait été trop direct avec Prolyxe. Résultat, elle l’avait laissé filer. Cette fois, il serait plus subtil, cultivant la rage de la louve jusqu’à ce qu’elle veuille vraiment le tuer.

Cette idée lui fit peur. Il ne voulait pas mourir, ou plutôt il ne le voulait plus. Ce loup de l’oasis… Il voulait le revoir! Il voulait pouvoir avoir une vraie discussion avec lui! Il voulait lui confier ses secrets, et lui demander de veiller sur Maeya pour lui, après sa mort… Il n’était pas encore prêt à mourir. Mais aucun loup ne l’était jamais, dans le fond. C’était maintenant qu’il avait l’opportunité, il ne la laisserait pas passer.

Medrahsk ragea. Il n’avait pas été assez subtil, encore une fois. La louve avait senti qu’elle n’avait aucune chance au jeu de la parole et avait décidé de l’ignorer. Il aurait fallut qu’il se fasse semblant de se replier, alors elle aurait continué de parler. Elle avait eu l’air d’une louve qui perdait facilement le contrôle. Apparemment, elle le retrouvait tout aussi vite.

Il la laissa s’éloigner en se questionnant sur la suite. Que pouvait-il faire? Il était fait… C’en était fini de lui… Puis elle s’approcha de nouveau. Il la vit se diriger vers ses pattes antérieures et se figea de peur. Elle sortait déjà l’artillerie lourde? Elle en avait déjà assez de jouer? Comment cela se pouvait-il? Lorsqu’elle positionna sa gueule sur l’un de ses coussinets, il comprit qu’il s’était trompé. Elle jouait encore, et y prenait un malin plaisir. Non seulement y allait-elle doucement, mais elle jouait avec ses perceptions, pour le tromper et lui faire de fausse frayeur. Décidément, elle était douée… Mais ça, il n’était pas pour le lui dire.

Cette fois par contre, elle avait pris son temps, ce qui fut son erreur. Elle ne la referait pas toutefois. Il eut le temps de lui sourire avant que les crocs ne s’enfoncent dans sa patte. La douleur fut plus intense qu’il ne l’avait cru, et il en perdit son sourire. Il avait beau l’avoir déjà vécu, c’était impossible de se préparer vraiment à cela. Toutefois, il ne lui fit pas le plaisir de gémir, ou de se plaindre. Il ne se tendit pas non plus, et frissonna à peine de douleur.

Cette fois, il n’avait pas droit à l’erreur. Il devait trouver la force… Une image du loup noir, celui de l’oasis, emplit son esprit. Pour lui. Il devait se libérer pour réussir à le retrouver. Celui là le protégerait. Il le savait. Sentant une force anormale le submerger, il tira sur sa patte qu’elle avait mordu, entraînant la louve avec. Peu importait que son coussinet arrache, il avait connu pire. De son autre patte antérieur, il donna un violent coup, griffes premières, sur la tête de la louve. Profitant du fait qu’elle était blessée, ce qui lui donnait une fraction de seconde pour agir, il se retourna sur le ventre. Mais il fut incapable de se lever. Sa patte le faisait beaucoup trop souffrir. À coup sûr, il ne marcherait pas dessus avant un moment.

En essayant de se libérer, il venait de se clouer sur place. Décidément, la réflexion n’était pas du tout son point fort… Qu’on ne vienne pas lui demander pourquoi il n’arrivait jamais à tuer un loup. Il n’était pas capable de se battre, et s’il l’avait été, il n’aurait jamais été capable de gagner, car il se serait blessé autant qu’il aurait fait du mal à l’autre, si ce n’était plus. Décidé tout de même à ne pas lui laisser la tâche facile, il lui lança un regard noir et grogna. Elle ne le briserait pas si aisément.

Medrahsk paniqua un peu lorsqu’il perdit l’usage de la vue, mais il se calma rapidement. Dans le fond, il n’avait pas à se plaindre, elle était réellement fâchée maintenant. Il avait eu ce qu’il voulait, sans chercher à le trouver. Elle en finirait plus vite avec lui et souffrirait moins longtemps. Ce serait plus intense, pour sûr, mais au moins, elle le libérerait. Alors il recommencerait à errer en pleurant…

La première morsure lui arracha un frisson de douleur. Les suivantes, par contre, ne le firent pas réagir. Il se concentrait sur la douleur à son coussinet. Il était fichu, ça laisserait une marque… Mais elle disparaîtrait un jour, comme celles qu’il avait eu avant. Pour l’instant, cette douleur était plus intense et couvrait celle des morsures. Mais la louve ne tarderait pas à réussir à lui arracher un cri, il en était certain. Elle semblait atrocement douée. Mais elle ne pouvait pas l’être plus que Pandore. N’est-ce pas?

La perspective de pouvoir vivre pire que ce que l’Alpha de la mort lui avait jusqu’alors infligé lui fit presque perdre sa concentration. Il se reconcentra sur le fait que de toute façon, elle ne pouvait pas faire pire que lui infliger de la douleur. Peut importe ce qu’elle pouvait lui faire, seul lui souffrait. Personne d’autre. Ni Maeya, ni Urion, ni même… le loup de l’oasis.

Il sursauta lorsqu’il entendit un hurlement. Un hurlement de douleur, mais pas de la douleur physique. De la douleur, mais aussi de la rage, de la haine, et de la peur. Ce hurlement, Medrahsk l’avait souvent entendu, sortant toujours de sa propre gueule. Cette fois, par contre, ce n’était pas lui qui avait crié. La voix, elle appartenait à… Un puissant frisson d’horreur le parcourut. Des trois loups qu’il s’était juré de protégé et de ne pas trahir, même si on le torturait, il fallait que ce soit lui! Celui qui l’avait le plus aidé, celui qui représentait le plus à ses yeux, celui qui avait réussit à se tailler une place dans son cœur inerte si facilement, si rapidement, et si profondément. Le jeune se souvenait encore de ce qu’il avait ressenti, de ce que l’autre loup avait ressenti. Il avait su, à ce moment, que c’était la première et la dernière fois qu’il le vivait, mais l’autre ne pouvait pas comprendre… le loup de l’oasis, il allait essayer de le sauver. Seulement, sur son territoire à elle, la louve réussirait à le vaincre!! Et il souffrirait!

Jamais aucun de ses cris de désespoirs n’avaient été aussi puissant que celui qu’il laissa échapper de sa gorge. Il venait de ses trahir. Maintenant, la louve avait une façon de plus de le faire souffrir. Une souffrance à laquelle il n’était pas immunisé… Une souffrance psychologique. Mais s’il n’avait pas crié, elle l’aurait sans doute tué. Là, elle allait le torturer. Était-ce mieux? Non, car à la fin, elle le tuerait quand même.

Des larmes roulèrent sur ses joues. Il avait déjà tant pleuré, et pourtant… cette fois, chaque larme qui lui était arraché lui apportait encore plus de souffrance. Chaque larme lui rappelait la situation désespérée dans laquelle il se trouvait. Il avait espéré, et voilà où cela l’avait mené. Pandore lui prouvait une fois de plus qu’elle avait raison, et que sa vie à lui n’en valait pas la peine. Elle n’en avait jamais valu la peine…

Medrahsk n’arrivait pas trop à penser, son esprit avait du mal à rester clair. Mais il avait compris qu’Andy s’était approché de lui, et il avait sentit quelque choses se modifier sur lui. Peut importe ce que c’était, il ne saignait plus. Comment était-ce possible? Qu’avait donc fait l’Alpha du métal? Dans son état, le pauvre loup de la mort n’arrivait même pas à concevoir une explication rationnelle. Était-ce seulement Andy qui l’avait soigné? Soigné? Non, il était encore blessé, il sentait la douleur. Mais était-ce la louve qui avait décidé de l’aider, temporairement, pour qu’il ne meure pas et qu’elle puisse le torturer davantage? Mais commet aurait-elle pu faire cela? Ah et puis après… il y repenserait plus tard, lorsqu’il serait en état de le faire.

Il essaya de se relever, mais en fut incapable. Il était totalement immobilisé… Ses blessures étaient trop bien positionnées, elles lui empêchaient tout mouvement. Quand à la vue, il ne l’avait pas récupérée longtemps… À peine avait-il pu voir les signes lumineux d’Andy qu’un brouillard avait envahi la pièce. Peut-être que ça avait pris du temps, mais Medrahsk n’arrivait pas à calculer le temps comme il faut.

Ses oreilles frémirent. Andy lui parlait! Et si le jeune loup ne put démêler ce qu’il disait et identifier des mots, l’intention qui était placée derrière lui parvint. Des mots rassurants. L’Alpha allait sans doute le tirer de là, oui! Il ne devait pas être Alpha pour rien! Et il avait proposé à Medrahk de lui apprendre à se battre, donc il devait savoir le faire! Mais le brouillard… ça allait sans doute le limiter, l’empêcher de bien se défendre… Le loup aurait voulu parler, il aurait voulu dire à Andy de s’en aller, il aurait voulu lui crier de fuir, de ne pas le sauver. Lui promettre qu’il allait s’en tirer, qu’il survivrait, que la louve ne pourrait jamais le tuer, qu’elle n’en avait même pas envie.

Mais cela aurait été en partie des mensonges. La louve allait peut-être le tuer, ce qui finalement serait pour le mieux… Et puis s’il s’en tirait, jamais les deux loups ne se reverraient, car Medrahsk se fit la promesse, à cet instant, que jamais il ne recontacterait Andy. Jamais il ne retournerait le voir. Jamais il ne le remettrait en danger.

Incapable de faire quoi que ce soit, tout ce qui sortit de sa gorge fut un râle, un gémissement, une plainte de douleur. Et tout ce que ses muscles firent, fut… absolument rien.

Medrahsk fut frustré en entendant la louve. Ce qui se passait entre lui et Andy ne la concernait pas! Et puis il y avait rien entre eux... L’Alpha du métal, même si le loup de la mort s’était intéressé à lui pour des raisons… peu communes, assez étranges, et difficilement explicables, n’avait, quand à lui, eu de l’intérêt que pour le bénéfice que pourrait apporter la rébellion de Medrahsk aux vivants. En même temps, le cri qu’il avait poussé, et ce que Medrahsk avait senti en lui… tout cela en laissait entendre plus. Le jeune loup ne comprenait plus…

Aussi reporta-t-il son attention sur autre chose. Qu’est-ce que Swift allait faire si elle arrivait à mettre la patte sur Andy? L’Alpha du métal lui avait proposé de lui apprendre à se battre, donc il devait savoir se débrouiller. Pourtant, la louve de la mort avait un avantage considérable : elle ne pouvait sûrement pas être tuée par des moyens conventionnels, comme Medrahsk. Oui… il ne pouvait pas mourir, mais il avait mal quand même! Soudain, une idée lui trotta en tête. Il aurait dû accepter cette leçon de combat. Il aurait dû accepter d’apprendre à se défendre. Au moins aurait-il pu échapper plus facilement à ses poursuivants. Mais maintenant il était beaucoup trop tard. Le mal était fait… Il ne pouvait pas revenir en arrière.

Il n’était même pas capable de parler, ou de bouger. C’était pitoyable. En même temps, ça l’empêcherait de dire des choses qu’il pourrait regretter. Le fait de ne pas pouvoir bouger, par contre, et de ne pas pouvoir aider Andy, ça l’énervait. Si Andy se faisait torturer aussi? Medrahsk pourrait-il se pardonner un jour de l’avoir entraîné dans tous ça à cause d’une simple histoire de cours de défense? L’Alpha du métal avait-il suivit le jeune loup de la mort depuis tout ce temps? Bien sûr que non, c’était illogique. Il avait des responsabilités… Mais si Medrahsk ne l’avait jamais croisé, il n’aurait jamais été impliqué dans tout cela. Non, il ne se le pardonnerait sans doute jamais. *Sauves-toi, Andy. Ne reste pas pour moi. Je vais m’en sortir, elle ne peut pas me tuer. Toi, c’est différent… Et elle le fera! Vas-t-en je t’en prie! Ta vie est en danger! Ne la gaspille pas au profit d’un monstre comme moi!* Des suppliques inutiles… Il n’entendait pas ses pensées. Par contre, en ce moment, Pandore devait s’en délecter. Des larmes coulèrent sur ses joues, (à moins qu’elles ne coulaient déjà avant et qu’il n’avait pas remarqué?) et un faible gémissement s’échappa de sa gorge. Tentative ratée de mettre en mots ses pensées…

Medrahsk pleura davantage. Andy allait souffrir, par sa faute. Swift allait le torturer, elle allait peut-être même le tuer. Il ne voulait pas que ça arrive, il ne voulait pas le permettre. Il devait faire quelque chose. À cette résolution, un peu de chaleur se répandit en lui. Qu’était-ce? Peu importe, cela lui donnait un peu de force. Pas assez pour se lever. Pas assez pour bouger. Et cela le frustra encore plus. Il ne pouvait rien faire, il était impuissant. Toute sa vie, il avait cru dur comme fer être incapable de faire quoi que ce soit. Maintenant qu’il prenait la résolution de faire quelque chose, il en était réellement incapable. Il était paralysé, et maintenant il savait ce que c’était d’être impuissant. Et c’était pire que tout! Il n’avait jamais vécu un moment si terrible! Et ce n’était pas le dernier. Ce serait même bientôt pire! Un grognement de rage lui échappa. Pourquoi n’avait-il rien fait quand il le pouvait? Il était lâche, voilà ce qu’il était.

Cela allait changer. Il mobilisa ses forces. Toujours rien. Les dégâts causés à sa colonne vertébrale étaient trop bien calculés. Peut-être pouvait-il au moins parler. Pour dire quoi? Il aurait bien à Andy de ne pas risquer sa vie pour lui, de s’en aller, mais ça ne servirait à rien. Non seulement il ne le ferait pas, le jeune loup le sentait, mais en plus il ne pouvait pas le faire! Le brouillard l’en empêchait. Décidément, cette louve était douée pour énerver Medrahsk. Et ce dernier ne pouvait pas la laisser blesser l’Alpha du métal.

- Swift, espèce de monstre! C’est moi que tu dois punir! Laisse ce loup partir, il n’y est pour absolument rien. Ce n’est pas lui l’instigateur qui m’a poussé à remettre en question cette… cette monstruosité qui te sert de chef! De toute façon, tu n’as aucune chance contre lui et tu le sais. C’est un Alpha, et pas pour rien! Tu vas perdre si tu joue à ce jeux!

Il avait crié. Il avait laissé sa rage couler. Il avait teinté sa voix d’assurance, de détermination, mais dans le fond, il était très incertain de ses paroles. Si c’était Andy qui avait changé sa façon de penser? Après tout, Urion n’y était pas vraiment parvenu. Quand aux chances de gagner de Swift, il était encore moins convaincu de ses propos. Sur son propre terrain, elle pouvait se montrer très puissante. Et si Andy n’avait pas de pouvoir qui pouvait lui être utile au combat? Il continua à voix basse, pour l’alpha du métal.

- Andy… dès qu’une brèche s’ouvre dans sa défense, vas t’en. Je ne te demande pas ton avis, c’est un ordre! Je vais m’en sortir. Tu es venu ici pour rien. Fuis dès que possible! Je veux pas te perdre… je veux dire, tu es trop utile pour les vivants.

Ce n’était pas du tout ce qu’il avait voulu dire. Mais il ne pouvait pas se permettre de montrer ses sentiments. Ce qu’il avait voulu dire, c’est qu’il avait personnellement besoin d’Andy. Il ne savait pas pourquoi, comment, mais il savait cela. Si Andy mourait, jamais Medrahsk ne s’en remettrait. Jamais…