On a tous une deuxième chance [Privé Solème et Fyre]

Maeya regarda les portes du palais. Elle devait le faire. Elle avait très mal réagit. Elle devait aller demander pardon à l’Alpha du clan du feu pour l’offense qu’elle lui avait faite. Mais elle était complètement terrorisée… Elle ouvrit néanmoins les portes et entra. C’était si grand, et si joli! Jamais elle n’avait vu un endroit semblable! Bon, elle n’était pas allé à bien des endroits dans sa vie, mais quand même. Elle avança lentement. Par où devait-elle aller? Elle décida de suivre le chemin le plus beau. Ce devait être par là que ce trouvait la salle la plus belle, donc réservée à l’Alpha. Étrangement, elle ne croisa aucun loup. Où étaient-ils tous? Elle devait juste avoir de la chance, rien de plus… Peu importe, elle était rendue, il était trop tard pour reculer.

Elle vit bientôt deux loups devant une porte. C’était là qu’elle allait, elle le savait. Elle s’avança. Bien sûr, l’un des deux loups se mit devant la porte.

- L’alpha Solème refuse d’être dérangée lorsqu’elle est avec son fils.

Maeya soupira. Elle devrait revenir plus tard…

- Je dois absolument lui parler. Quand puis-je revenir pour la voir?

Le second garde choisi ce moment pour intervenir, comme s’il se réveillait. Il s’adressait à son partenaire.

- Tu ne la reconnais pas? C’est la louve que Solème nous a décrite! Elle elle a le droit de passer.

Puis il riva son regard sur la louve bleue.

- Veuillez pardonnez le dérangement. Vous pouvez passer.

Le premier garde, visiblement embarrassé, s’enleva du chemin et ouvrit la porte. Maeya passa et soupira de soulagement. Deux mâles du feu! Elle venait de passer à côté de deux mâles du clan du feu! Et l’un des deux avait été respectueux avec elle!! Mais c’était grâce à Solème, l’Alpha du feu. La louve s’avança jusqu’à voir celle qu’elle cherchait. Il y avait un jeune louveteau avec elle. Maeya attendit que d’être remarquée avant de parler.

- Je suis vraiment désolée de vous déranger, Alpha du feu, mais je devais venir vous rencontrer. Je voulais vous demander pardon pour mon comportement sur le territoire de l’eau. Je vous en prie, je ne veux pas que vous me détestiez…

Elle regarda le sol. Elle ne s’attendait pas à être pardonnée et était prête à fuir s’il le fallait.

Le silence. Encore le silence. Étrangement, ça le stressait. Et si l’aide qui lui avait été proposée avait pu lui être utile? Non. C’était à lui, à lui seul, de gérer tout ça. Pourtant, quelque chose clochait. Si Pandore avait capturé Maeya, n’aurait-elle pas envoyé un loup pour l’escorter jusqu’à elle? Elle savait que le jeune loup ne tenterait rien et se laisserait guider. Mais alors… peut-être jouait-elle avec ses nerfs? Il se força à se calmer. Bientôt, il allait le savoir, de toute façon.

Un mouvement soudain l’interrompit dans ses réflexions. Bondissant sur le côté, Medrahsk évita une forme, de la taille d’un loup. D’un puissant coup de patte, il se projeta dessus et la coinça brutalement entre son corps et le mur. Il n’eut que le temps de voir la forme qui tombait sur le sol, inconsciente (ou morte?) qu’une douleur à une patte arrière le fit se retourner en claquant de la mâchoire. Cette dernière se referma sur quelque chose de tendre, et de plus petit que lui. Un loupiot? Un renard? En tous cas, il venait de le blesser sérieusement à l’épaule, le mettant hors d’état de nuire.

Mais… pourquoi les sbires de Pandore l’attaquaient-ils? Parce que… ce n’était pas des sbires de Pandore. C’était des membres du clan du feu! Ils avaient dû prendre le jeune mort-vivant pour un ennemi! Mais alors, l’Alpha de la mort n’était pas ici, sinon il n’y aurait pas eu de loup et de renard du feu pour l’attaquer comme un intrus! Medrahsk s’était trompé. Et non seulement s’était-il trompé, mais en plus il avait blessé des vivants! Et peut-être mortellement! Il avait… il avait… tué! L’idée faillit le faire vomir. Mais il ne devait pas s’en vouloir. Il avait été aveuglé par l’idée de sa sœur en danger. Il devait la sauver! Et pour épargner sa vie, en mettre d’autres en danger devenait inévitable. Et si Maeya était aux mains de l’Alpha du feu, elle restait dans une situation où elle avait besoin d’aide! La louve solitaire avait une phobie du feu, jamais elle ne serait venu là d’elle-même! Medrahsk avança de quelques pas, pour se retrouver devant une porte. Visiblement, c’était les gardes qu’il venait de combattre.

Mais alors que sa patte était posée sur la porte et qu’il allait ouvrir, il se figea. Le loup et le renard du feu avaient besoin d’aide, il ne pouvait pas les laisser mourir comme ça! Si?

Maeya regarda le lapin. Ce n’était pas qu’elle n’avait pas faim, mais elle ne sentait pas qu’elle avait réellement le droit de le manger. Seulement, le commentaire du jeune loup, tout infantile, naïf, attentionné, plein d’un amour de petit loupiot qui découvre la vie, c’était si touchant… Elle mangea donc lentement le présent qui lui était offert. De toute façon, cela aurait été offensant de refuser, pour l’Alpha. Elle ne semblait pas lui tenir rigueur de son comportement et se blâmait même de la situation qui était advenue. Peut-être était-ce vrai… mais ce n’était pas important. La solitaire voulait relancer des bases avec elle un peu plus… douces.

Et le petit, il était si mignon… Maeya aurait tellement voulu être mère… mais cela ne faisait que peu de temps qu’elle avait un compagnon, et l’occasion d’être avec lui ne s’était même pas représentée depuis qu’elle avait dû le laisser. Mais elle se reprendrait. Elle était encore en âge d’enfanter, elle n’était pas si vieille! Oui, elle aurait des enfants un jour. En attendant… elle arrêta de manger le lapin, alors qu’il en restait la moitié, et offrit un sourire au jeune loup, comme pour le remercier.

- Ce lapin est délicieux. Aussi ne serai-je pas méchante au point de t’en priver. Termine-le, de toute façon je n’ai plus faim.

Ce qui était un mensonge, mais elle voulait partager. Parce que le partage était le meilleur moyen, ainsi que le plus simple, pour montrer à quelqu’un qu’on l’accepte et qu’on l’apprécie. Et Maeya aimait bien, déjà, le petit.

Elle se tourna ensuite vers l’Alpha.

- Veuillez me pardonner d’avoir ainsi fait irruption sans même m’annoncer. Je me rends compte que je n’aurais pas dû, et les choses des clans me sont bien inconnues. Mais qu’importe. Je suis contente que vous ne pensiez pas de mal de moi.

Et maintenant, que faire? S’en aller? Elle ne pouvait quand même pas partir comme ça! Peut-être la louve du feu allait proposer quelque chose. D’ailleurs, quel était son nom? Mince! Maeya ne s’était même pas présenté elle-même!

- D’ailleurs, je m’appelle Maeya… Ravie de faire, cette fois-ci, une rencontre de nature plus agréable avec vous.

Le jeune loup de la mort s’était décidé. Les blessures des loups du feu n’étaient pas assez importantes pour les tuer. Mais il n’eut pas à ouvrir la porte, car elle s’ouvrit seule. Un petit louveteau apparut, avant de s’enfuir en criant, terrorisé. Medrahsk soupira. Il ne pouvait quand même pas blesser un petit! Mais il ne pouvait pas le laisser alerter tout le monde non plus! Il bondit et commença à courir à la suite du louveteau. Et alors qu’il se rapprochait de lui, son cœur s’emplissait d’une tristesse intense. Lui, le loup de la mort qui n’avait jamais été capable de faire de mal à qui que ce soit, qui avait trahi Pandore plus d’une fois, était tombé amoureux d’un vivant, avait renoncé à jamais à la guerre, allait maintenant s’en prendre à un petit loup du feu. Mais c’était pour sa sœur. Il devait la sauver. C’était son devoir. Il devait la protéger. Et puis, il n’allait pas tuer le petit, juste l’assommer.

Avant qu’il n’ait pu le rattraper, le petit passa entre deux gardes qui prenaient un air menaçant. Le loup de la mort soupira de nouveau. Pourquoi se mettaient-ils dans son chemin? Il ne venait pas pour le tuer, il venait simplement secourir sa sœur! Oui, mais c’était eux qui la détenaient. Plein de haine, il fonça. Des crocs se plantèrent dans son épaule. Il faillit rire en donnant un puissant coup de tête au loup qui l’avait mordu, l’assommant. Se retournant, il évita de justesse l’attaque de l’autre, avant de lui donner un coup de patte, puis de le plaquer sur le mur. Il n’était pas encore trop tard pour rattraper le petit. Ce dernier ne devait pas alerter l’Alpha! Y penserait-il seulement? Pas grave, mieux valait ne pas prendre de chance. Medrahsk traversa la porte… et se cloua sur place.

Elle était là. Maeya. Avec une louve du feu. Probablement la mère du petit. Un puissant grondement s’éleva dans sa gorge alors qu’il se plaçait à côté de sa sœur.

- Vous lui touchez ne serait-ce qu’un poil, et je vous jure que je vous tuerai, vous et votre fils!

Maeya sourit à Solème. Un sourire mi amusé mi… maternel.

- Ne vous inquiétez pas, Solème, je ne me suis pas forcée à manger ce lapin. J’avais faim, oui, et je l’aurais terminé. Mais avez-vous vu la lueur de bonheur qui a traversé les yeux de votre fils lorsque je lui ai offert la moitié restante? Je ne vous rejette pas, au contraire. En me privant ainsi au profit de votre fils, je souhaitais vous montrer que je vous accepte. Pardonnez-moi si je ne m’y suis pas pris comme il le fallait. À vrai dire, je n’ai jamais eu d’expérience de meute, je ne sais pas comment cela fonctionne.

Détournant le regard, elle regarda le petit. Mais il n’était plus là. Bof, il était le fils d’une Alpha, après tout, il pouvait aller où il voulait. Elle ne s’inquiéta donc pas. Jusqu’à l’entendre hurler. Alors le cœur de Maeya s’arrêta quelques secondes. Le clan de la mort? Ici? Serait-ce Seth? Mais… elle ne l’avait pas appelé!

Il ne fallut que quelques secondes avant que le petit ne revienne. En se retournant, la solitaire pu voir ce qui se passait. Un loup, noir et gris, mis hors combat les deux gardes qu’elle avait croisés en venant. Et ce, en trois coups à peine. Puis il entra. Maeya tremblait tant qu’elle avait peur de tomber. Mais il ne vint pas vers elle. Non. Il se plaça entre elle et Solème! Et non seulement cela, il la menaça! Alors l’odeur lui parvint. Cette odeur… elle la connaissait. Elle l’avait sentie déjà, sur Urion. L’odeur qui lui était si familière. Pour que l’odeur d’un membre du clan de la mort lui soit à ce point familière, et qu’il ne veuille la protéger, quel lien pouvait les unir l’un à l’autre? Était-ce un ancien membre de famille? Était-il venu juste pour la secourir? En tous cas, elle ne pouvait pas laisser les choses dégénérer.

- Peu importe qui vous êtes, calmez-vous! L’Alpha du feu est ma nouvelle amie, elle ne me veut aucun mal, et moi non plus! C’est son fils que vous avez traumatisé, et votre vue me terrorise, je l’avoue. Si vous voulez me protéger, vous n’êtes pas au bon endroit. Vous devriez essayer de tuer Pandore à la place!

Qu’avait-elle donc dit? Il serait sûrement furieux…

Medrahsk fit un pas en arrière en entendant les paroles de Maeya. Son amie? Comment cela était-ce possible? Comment Maeya pouvait-elle réussir à approcher d’un représentant du feu sans avoir peur? Que s’était-il passé depuis la dernière fois que le loup de la mort avait surveillé sa sœur? Ces temps-ci, il lui arrivait tant de choses qu’il n’avait pas réussi à suivre adéquatement la vie de celle qui comptait plus que tout pour lui. Même Andy n’avait pas une aussi grande place dans son cœur... Mais peut-être était-ce normal. Sa concentration lui revint en entendant les paroles de la louve du feu. L’un des endroits les mieux gardés? Si lui avait réussi à y entrer, il en doutait fort!! Quant à retourner près de Pandore… Si seulement cette louve arrogante savait la vérité… Sincèrement, comme Maeya pouvait avoir une telle louve comme amie? C’était ridicule.

Puis, soudainement, il sentit quelque chose le percuter : la louve. Se reprenant instantanément, il s’efforça du mieux qu’il pouvait d’éviter les coups qu’elle lui portait. Il ne voulait pas blesser une amie de Maeya. Comment avait-il pu se tromper à ce point? Peut-être était-ce la confusion d’avoir vu l’un des sbires de Pandore… Et puis, Maeya avait peur du feu… et… ce n’était pas le moment de penser. S’il voulait que la louve arrête de l’attaquer, il devait le brutaliser un peu. Pas assez pour vraiment la blesser, juste pour lui faire comprendre qu’il était prêt à la mettre hors d’état de nuire s’il fallait cela pour qu’elle l’écoute. Il passa donc un peu à l’attaque. Quand elle s’arrêta enfin pour reprendre son souffle, il s’assit et prit un air calme, regardant rapidement l’intensité de ses blessures à lui. Rien qui ne nécessiterait un médecin. Bien. Maintenant, il espérait qu’elle serait capable d’écouter un peu.

- Veuillez me pardonner, il semblerait, visiblement, que j’aie fait une erreur. J’avais cru que vous vouliez du mal à cette louve blanche. Voyez-vous, c’est que même si je suis effectivement un loup du clan de la mort, je n’approuve pas tout ce que fait Pandore, et sauver une vie est en réalité l’un de mes rêves les plus chers. Je n’en peux plus de devoir sans arrêt essayé de tuer, et de ne jamais y parvenir. Cette louve me fait penser au clan de l’eau, et de l’avoir vue s’aventurer seule sur le territoire du feu m’a fait présager le pire. Je me suis sûrement laissé emporter par mes émotions, et tiens à vous demander pardon.

Oui… le clan de l’eau… Maeya lui avait toujours fait penser au clan de l’eau. Et la dernière fois qu’il avait mis les pieds sur le territoire de l’eau, tout lui avait semblé si familier… pouvaient-ils tous deux êtres nés de ce clan, avant que leurs parents ne soient tués? Il devrait essayer de trouver des réponses. Mais pas tout de suite. Maeya ne devait pas apprendre la vérité. Il devait s’en aller avant de dire quelque chose qui puisse lui donner un indice. Il en avait déjà trop fait… Il se leva et se détourna pour partir.

Maeya s’écarta en voyant Solème foncer. Étrangement, de voir les deux loups se battre avait quelque chose de… terrifiant. Comme si Maeya voulais que tous les deux gagne, ou alors au moins qu’aucun des deux ne perde. Oui, c’était ça. Elle ne savait pas qui était ce loup noir et gris, mais elle avait l’impression de devoir l’encourager, et ça lui faisait peur. Et il ne se défendait même pas! Il se contentait de s’esquiver, d’encaisser… Pourquoi? Cet agissement était étrange. Comme Seth, ce loup était-il contre Pandore? Mais la plus grande question restait : pourquoi avait-il menacé ainsi l’Alpha du feu? Toutes ces questions n’auraient pas de réponse tant que le combat ne serait pas terminé. Et Maeya ne pouvait qu’y assister, sans rien faire. Si, il y avait encore quelque chose. Le petit Fyre tremblait. Le pauvre, ce devait être terrifiant pour lui! Pour la rassurer, elle lui lécha le dessus du crâne. Rien de mal ne pouvait arriver. Le loup mort-vivant ne se défendait pas vraiment, et Solème ne pouvait pas le tuer, il était déjà mort. Oui, tout se passerait bien. Elle releva la tête quand il parla. Donc, c’était ça. Il avait tout simplement voulu la protéger sous le coup d’insinuations. Elle fut déçue. Elle avait cru qu’il y avait quelque chose d’autre. Elle avait cru… qu’un lien spécial les unissait. Mais alors… pourquoi son odeur lui était-elle familière? Elle se souvint d’un loup qui avait essayé de la tuer. Avait-il été ce loup? Pandore lui avait-il demandé de la tuer? Non, c’était un loup du clan du feu qui l’avait attaquée! Peut-être alors ce loup était-il un loup du feu de son vivant? C’était peut-être pour ça qu’il avait réussi à se rendre jusqu’ici, il devait bien connaître l’endroit. Oui, peut-être ce n’était que ça… Incapable de savoir quoi penser, elle resta silencieuse et le regarda se détourner. L’Alpha le laisserait-elle partir si aisément? Sûrement pas…